Problème pulmonaire chez certains polios

Publié le par Rosine

Voici le témoignage de Jacques qu'il m'a autorisée à mettre en ligne. Qu'il en soit ici remercié.

Problème pulmonaire (entre autres) chez certains polios

Insuffisant respiratoire : inaptitude des poumons à maintenir dans le sang, une pression d’oxygène de 55 mm. de mercure, au moins.

C’est à 13 ans que j’ai eu la polio. Les années ont passées, et maintenant, comme le précise le médecin du Centre des Massues à Lyon, je présente un tableau de tétra parésie (tétra paralysie partielle) post-polio, 4 membres et tronc.

Je marche (peu) avec une canne et mes bras fonctionnent assez pour ne pas en être trop privés (je conduis ma voiture automatique)

Cela fait depuis 10 ans que j’ai une gène respiratoire cyclique. J’ai eu 2 malaises respiratoires sans perte de connaissance. L’air me manquait. C’était la panique !

Repos, puis un instant plus tard, on reprend le cours des choses.

C’est à cette période que le médecin du travail a décrété de me mettre en retraite invalidité. Arrivé à un certain âge, et suivant le degré d’handicap, il faut admettre que nous sommes « usés ». Le Syndrome PP n’y est pour rien : car lui, c’est un affaiblissement grave et peu de polios se trouvent dans ce cas… tant mieux !

Le pneumologue me suit depuis ce temps.

Voici comment se résume les examens auprès de lui.

----Spirographie---- (mesure la capacité respiratoire des poumons) Etant donné mes faibles volumes, il opte pour me faire une gazométrie artérielle périodique (mesure des volumes, des densités des gaz). Cela pour surveiller les paramètres. S’ils s’abaissent régulièrement, il intervient pour améliorer la ventilation.

----Gazométrie---- faible (évaluation de l’oxygénération et la rétention de C02) : on fait un bilan polygraphique (enregistrement nocturne de plusieurs paramètres avec capteurs, en rapport à : oxymétrie, apnées et hypopnées, désaturation, micros éveils...) Il met en évidence les problèmes.

Il faut savoir que les apnées obstructives de sommeil peuvent entrainer une hypertension artérielle, puis insuffisance cardiaque.

----appareil ventilatoire---- à pression positive, par voie nasale (on peut parler mais sans trop) à air ambiant, pas d’oxygène, administré par un tuyau. Nous serions faciles à ventiler par rapport à certaines maladies. Quelques jours (pour moi) d’adaptation. Surveillance à domicile par prestataire médical spécialisé, tout les 2 à 3 mois.

Un peu de « technique » : 

Nos poumons sont assimilés à une batterie ; il faut les recharger avec la machine (transportable). Ainsi on évite la trachéotomie, comme cela se pratiquait il n’y a pas si longtemps !

Visualisons la respiration. L’air entre dans l’organisme par le nez ou la bouche, et se retrouve dans la trachée. Le circuit se sépare au niveau des bronches pour aller, soit vers le poumon droit, soit vers le gauche. L’air doit alors passer des bronches aux bronchioles, puis aux canaux alvéolaires, étroits conduits qui mènent aux sacs alvéolaires : c’est là, au cœur des poumons, que l’oxygène est transféré vers les globules rouges. Inversement, les « déchets gazeux » passent des globules rouges aux sacs alvéolaires, puis suivent le chemin dans l’autre sens pour être évacués par l’expiration. D’où l’utilité de la gazométrie artérielle pour être informé.

L’oxygène : sont administration ne fournit pas d’assistance aux muscles respiratoires affaiblis. Il y a risque de mort en cas de désaturation. Tout apport intempestif risque de tuer, car les centres respiratoires, habitués à fonctionner dans cette perturbation, vont cesser de provoquer la respiration dans le confort artificiel d’un peu d’02 (air atmosphère).

Le problème pulmonaire chez nous, polios, est en cause le manque de muscles respiratoires (syndrome restrictif) J’ai un bon diaphragme, principal muscle inspiratoire ; pour certains ce n’est pas le cas, malheureusement. La personne qui a une respiration abdominale, ne sera capable de respirer efficace, que quand la pesanteur permet au diaphragme de descendre. D’où la position allongée difficile pour nous.

Ensuite, un nouvel affaiblissement dû à l’âge, travail excessif, dysfonctionnement de l’unité motrice, vieillissement prématuré des unités motrices affectées par la polio, dégénérescence, et parfois scoliose sévère. Dans ce dernier cas, il peut se produire une rétention liquidienne avec gonflement des chevilles (congestion cardiaque) la cause sous-jacente est une hypertension pulmonaire due a une faible teneur en oxygène dans le sang.

Notre endurance pulmonaire est abaissée.          

Ce qui provoque une hypoventilation alvéolaire, c'est-à-dire que trop peu d’air se rend aux poumons, ce qui provoque un déséquilibre des gaz sanguins : risque d’hypoxie (diminution d’oxygène dans les tissus) et hypercapnie (augmentation gaz carbonique dans le sang) Les signes et symptômes sont

Fatigue, somnolence diurne, céphalées au réveil, trouble du sommeil, etc.

Petit dictionnaire :

  • C02     monoxyde de carbone, gaz toxique issu des combustions incomplètes
  • PC02    sang artériel, pression du gaz carbonique dans le sang après son passage dans les poumons
  • P02     pression de l’oxygène dans le sang, mesurée après son passage dans les poumons, sang artériel.
  • Capacité vitale : souffler à fond (maximum d’air entrée dans cage thoracique)
  • Hypoxie   : baisse de la pression d’oxygène
  • Dyspnée  : difficulté à respirer
  • Décompensation : rupture de l’équilibre
  • Hématose : échange des gaz entre l’air et le sang au niveau des alvéoles pulmonaires

 

Publié dans post polio

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L
<br /> <br /> Merci beaucoup pour ce témoignage très intéressant.<br /> <br /> <br /> <br />
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S
Bonjour,<br /> Merci Jacques pour ce témoignage, c'est très clair. Je l'ai imprimé et classé.<br /> <br /> Bonne journée
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